Peut-on se passer de la climatisation ? Peut-on assurer le confort de ces locaux par une simple ventilation ? Après tout, durant tout l’hiver, l’air extérieur est froid et permet une réfrigération gratuite. Et en été, il est possible de rafraîchir le local la nuit…
Cas d’une ventilation hygiénique (24h/24h)
Une simple pulsion mécanique est organisée, et les débits d’air (ici, 75 m³/h, soit 1,9 renouvellement horaire) sont évacués par les inétanchéités du local.
On suppose une ventilation à débit constant, basée sur une température de pulsion minimale de 16°C (soit un écart maximal de 8°C par rapport à l’ambiance). Pendant la nuit, la ventilation est poursuivie si T° > 22°C.
Cette ventilation est-elle suffisante pour assurer une température confortable ?
S’il s’agit d’une simple ventilation hygiénique, la réponse est clairement non. La simulation durant une année climatique-type moyenne fournit les résultats suivants
- Si le local est de faible inertie (simples cloisons, tapis au sol, faux plafond), la température de 26°C est dépassée 1 650 heures par an (sur un total de 2 600 heures d’occupation du local), la température de 30°C est dépassée 158 heures par an.
- Si le local est de forte inertie (béton + carrelage, murs de maçonnerie, plafond apparent), la température de 26°C est dépassée 1 570 heures par an, la température de 30°C est dépassée 6 heures par an.


Cas d’une ventilation renforcée
Que se passe-t-il si le débit de ventilation est doublé et que l’on admet que la température ambiante du local fluctue entre 22°C en hiver et 26°C en été ?
- Le débit pulsé est de : 150 m³/h
- Soit un taux de renouvellement de : 3,8 1/h (débit/volume)
On notera qu’un tel débit nécessite cette fois l’installation d’un double réseau : un réseau de pulsion et d’un réseau d’extraction.

Détails de fonctionnement.
En hiver, en journée, si T°ext < 16°C, un préchauffage de l’air à 16°C est réalisé.
En été, si la T°ext > 24°C, la ventilation continue quand même…
La nuit, si Tint > 22°C, la ventilation se poursuit mais sans préchauffage.
L’apport frigorifique maximal est de :
cap. cal de l’air x écart de soufflage x débit =
0,34 [Wh/m³.K] x (24 – 16) [K] x 150 [m³/h] = 408 Watts
Ce qui montre que, malgré un débit 2 fois plus élevé que le débit minimum hygiénique, le rafraîchissement reste inférieur à la charge thermique du local (592 Watts).
Résultats de la simulation
On considère deux types de locaux (avec faible ou forte inertie) et le bilan est fait sur les 10 heures de fonctionnement en semaine.
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Inertie
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Nbre d’heures
T°int > 26°C |
Nbre d’heures
T°int > 28°C |
Nbre d’heures
T°int > 30°C |
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Faible
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240 |
60 |
11 |
|
Élevée
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140 |
14 |
4 |


Quel est le coût d’exploitation de cette solution ?
En réfrigération : 0 €, bien sûr.
En chauffage, il faut prévoir le préchauffage de l’air lorsque la température extérieure est inférieure 16°C, soit 75 % du temps ! Cela représente un besoin net de 1 113 kWh/an.
La consommation de combustible s’en déduit :
(Besoins nets / rendement système de chauffage) x prix de revient du combustible
En partant d’un litre de fuel à 0,25 € pour 10 kWh produits,
(1 113 [kWh/an] / 0,8) x 0,025 [€/kWh] = 34,775 € /an
-> soit 2,5 €/m²/an
Si le chauffage se fait par une résistance chauffante électrique :
(1 113 [kWh/an] / 1) x 0,115 [€/kWh] = 125,225 €/an
-> soit 8,95 €/m²/an
En ventilation, il faut estimer la consommation des ventilateurs d’extraction et de pulsion qui tournent tant que T°int > 22°C, soit 3 180 heures/an.
En supposant un réseau pour les 4 locaux de 800 Pascals de perte de charge (pulsion + extraction), on obtient :
Puissance Ventilateur = débit x pertes de charge / rendement
= 150 [m³/h/local] x 4 [locaux] x 800 [Pa] / (0,45 x 3 600 [s/h]) = 296 Watts
Coût ventilation = puissance x temps de fonctionnement x prix du kWh
= 0,296 [kW] x 3 180 [h] x 0,1 [€/kWh] = 94,13 €
-> soit 6,72 [€/m²/an]
(le prix du KWh est basé sur 2 600 Heures Pleines, 580 Heures Creuses et une participation à la pointe de puissance quart-horaire; le rendement de 0,45 est le rendement total du groupe de ventilation, assez faible pour ces petits débits)
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Récapitulatif du coût d’exploitation
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| – |
Refroidissement
[€/m²/an] |
Chauffage
[€/m²/an] |
Ventilateurs
[€/m²/an] |
Total
[€/m²/an] |
|
Chauffage électrique
|
0 |
8,95 |
6,72 |
15,67 |
|
Chauffage combustible
|
0 |
2,5 |
6,72 |
9,22 |
Conclusions
Le confort des occupants reste médiocre puisque la température intérieure dépasse 28°C durant 60 heures dans le cas du local avec faible inertie.
Seul le local à forte inertie parvient à maîtriser la surchauffe parce qu’il lui est possible de “déstocker” la chaleur durant la nuit, par le refroidissement nocturne.
Attention : la simulation est basée sur une année type-moyenne à Uccle. Or, dans l’année type-moyenne utilisée, la température ne dépasse jamais les 30°C. En cas d’été très chaud, la situation sera donc plus critique encore…
Si le débit d’air de ventilation était encore augmenté, les surchauffes diminueraient encore mais les besoins de préchauffage de l’air de ventilation augmenteraient !
Par exemple, avec un débit d’air de 8 renouvellements horaire, et une faible inertie, le nombre d’heures où la température dépasse 28°C est ramené à 20 heures par an, mais la consommation pour le préchauffage hivernal double : 2 200 kWh/an, … et un tel renouvellement horaire n’est pas aisé à réaliser sans inconfort.
La nécessité de prévoir un circuit de reprise, ainsi que le besoin de préchauffage de l’air de ventilation entraîne l’intérêt d’analyser le cas où il y aurait un recyclage de l’air (solution 3).
Auteur : les anciens
Mars 2009 : Thibaud
Notes :