Sommaire
La solution radicale
Une ou des solutions radicales ?
Il en existe une ou plusieurs ! Le problème est qu’elles sont évidentes mais semblent bloquer les commerçants et les responsables “marketing” des grandes et moyennes surfaces. Peu importe les moyens et techniques mis en œuvre, mais il suffit de confiner ou enfermer le froid dans une boîte isolée pour améliorer directement l’efficacité énergétique du froid alimentaire. Certains magasins (ils se reconnaîtront) appliquent ce principe depuis déjà longtemps, d’autres se lancent timidement.
Solutions locales
Fermeture des meubles frigorifiques négatifs horizontaux
Le placement de fermeture simple en plexiglas sur les gondoles négatives montre une solution rapidement rentable car elle permet de réduire les consommations énergétiques de l’ordre de 30 à 40 %. C’est cette solution qui a été retenue par une chaîne de distribution belge sans observer de baisse significative du chiffre d’affaire.
Fermeture des meubles frigorifiques positifs verticaux
C’est là que les anciens Belges s’empoignèrent car le client roi doit pouvoir apprécier les denrées sans contrainte d’ouverture et de fermeture de porte. La question qui se pose immédiatement est de savoir pourquoi une méthode qui semble marcher avec le froid négatif ne fonctionne pas pour le froid positif. Est-ce une question :
- d’éducation à la consommation : on comprend que le froid négatif doit être confiné parce que les crèmes glacées fondent s’il n’y a pas de confinement du froid et que le froid positif peut être assimilé à la climatisation où les fenêtres peuvent rester ouvertes;
- d’investissement : le nombre de mètres linéaires de ce type de meubles frigorifiques étant important cela peut éventuellement rebuter les gérants de se lancer;
- …
C’est une des questions du 21ème siècle en suspend.
Source : Magasin alimentation Bioshanti.
Une des solutions intéressantes dans un magasin biologique d’une commune bruxelloise est le placement de lamelles en matière plastique quasi transparentes. Cette technique, selon le gérant du magasin n’a pas l’air de freiner l’achat de denrées. Pour être tout à fait objectif, il est hésitant à protéger l’ensemble de ces meubles par ce type de confinement.
Si on considère que ces lamelles arrivent au même degré de protection que les rideaux de nuit, on peut considérer que les réductions de consommations énergétiques peuvent atteindre aussi 30 à 40 %.
Exemple.
En analysant le graphique suivant issu d’une simulation (TRNSYS) de 50 mètres linéaires de meubles frigorifiques ouverts et verticaux maintenant aux frais des produits laitiers, on constate qu’en retirant les 7 000 [W] d’apport interne dû à l’éclairage, le simple fait de placer des rideaux de nuit, on réduit de l’ordre de 40 % la demande en puissance de l’évaporateur à la machine de froid. Si l’on considère que les protections de jour peuvent être assimilées à celle de nuit au niveau de la performance, on peut effectivement réduire au maximum de 40 % (dans ce cas-ci) les consommations énergétiques de l’installation de froid alimentaire sachant que la nuit il n’y a pas d’ouvertures et fermetures incessantes des lamelles synthétiques. |
Solutions globales
Confinement des produits frais dans une enceinte bien isolée
Meuble frigorifique ouvert et confinement et isolation légère (double vitrage).
Confinement et isolation importante (enceinte opaque).
Là où on arrive à l’optimum énergétique et thermique, c’est lorsque les produits frais sont confinés dans des espaces réfrigérés et isolés des zones de vente classique. En terme de confort, naturellement, ce n’est pas l’idéal bien que finalement ce n’est qu’une question d’organisation (prévoir une petite laine en été ne pose pas beaucoup de problème). Les pionniers dans ce domaine sont bien connus et adoptent ce principe depuis des années voire plus d’une décennie. on peut dire que ce concept est passé dans les mœurs aujourd’hui.
Confinement des produits frais dans une enceinte légèrement isolée et vitrée
Un autre concept a vu le jour il n’y a pas longtemps. Dans un premier temps, on pourrait dire que la solution est mauvaise. A bien y regarder, elle se situe juste entre :
- les meubles frigorifiques ouverts qui absorbent un maximum de chaleur de l’ambiance de vente globale au point que même en période chaude dans certains commerces on soit obligé de chauffer;
- et l’enceinte fermée et isolée du reste de l’ambiance globale de vente.
Ce concept serait-il le bon vieux compromis à la Belge ?
(+)
(-)
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Optimisation du rideau d’air
On ne le dira jamais assez, le rideau d’air est le point faible des meubles frigorifiques ouverts. A lui seul, par induction de l’air ambiant de la zone de vente, il représente de l’ordre des 2/3 de la puissance frigorifique nécessaire. De l’optimisation du rideau d’air dépend les consommations énergétiques des groupes frigorifiques.
Apports de chaleur par induction
Taux d’induction
L’apport de chaleur par induction dépend de beaucoup de facteurs. L’apport de chaleur par induction Pind est donné par la relation suivante :
Pind = ma x (hambiance – hinterne) x 1000 [W] (1) où : Pind = Xrideau_air x mrideau_air x (hambiance – hinterne) x 1000 [W] (2) Où :
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Si l’on veut optimiser les consommations dues à l’induction par le rideau d’air, il est nécessaire de réduire la masse ma de l’air de l’ambiance induite par le rideau d’air (1). La quantification de la masse ma est très difficile à préciser.
La formule (2) permet de mettre en évidence le taux d’induction Xrideau_air comme étant la quantité d’air ambiant entrainé dans le flux du rideau d’air.
L’exemple suivant permet de mettre en valeur l’utilité de déterminer le taux d’induction
Exemple.
En prenant un rideau d’air d’un meuble frigorifique vertical ouvert, la littérature nous apprend que le taux d’induction peut être exprimé par la relation suivante : Xrideau_air = h2 – h1 / [1]ha – h2) – (h2 – h1 Où :
Hypothèse
CalculsL’équation ci-dessus peut être exprimée plus simplement par : Xrideau_air = h2 / (ha – 2h2) Pour différentes valeurs de h2 variant de 5 à 20 [kJ/kg], le taux d’induction varie et est représenté sur le graphique suivant : D’après les équations (1) et (2), l’induction d’air extérieur : ma = Xrideau_air x mrideau_air ou ma = h2 / (ha – 2h2) x mrideau_air ConclusionsPour que les apports dus à l’induction soient faibles, il faut que :
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En analysant cet exemple, on serait tenté d’en conclure que la présence du rideau d’air ne sert à rien. En fait, le rideau d’air étant nécessaire pour maintenir le froid dans le meuble, un débit minimum est nécessaire. De plus, le rideau d’air sert aussi à refroidir le meuble. L’air par son passage sur l’évaporateur est refroidi. Or, plus le débit d’air sur l’évaporateur est important plus l’échange thermique est grand. Il y a donc un optimum à trouver !
Des études extrêmement sophistiquées réalisées par les fabricants permettent d’établir un optimum afin de tenir compte à la fois :
- de la nécessite de maintenir les denrées froides et de confiner le froid dans le meuble;
- de l’optimisation de l’induction afin de limiter les apports externes venant de la zone de vente.
Suivant l’application et la géométrie du meuble, il existe toujours un débit d’air et une vitesse d’air optimaux au niveau du rideau.
Déformation du rideau d’air
L’effet “bilame” est connu pour affecter et déformer les rideaux d’air verticaux ou faiblement inclinés. Les différences de températures de part et d’autre du rideau d’air provoquent une différence de densité de l’air au niveau des faces intérieures et extérieures. Pour autant que la vitesse du rideau d’air devienne insuffisante, la différence de densité de l’air sur la profondeur du rideau génère des forces transversales de déformation du rideau. On observe que le rideau se déforme vers l’intérieur du meuble allant jusqu’à le briser.
Briser le rideau d’air équivaut à augmenter les apports externes et, par conséquent dégrader le bilan thermique et énergétique. Cet effet peut être réduit par :
- l’utilisation de meuble de type “cascade”;
- le positionnement correct des étagères en fonction du profil du rideau d’air;
- l’optimisation du chargement des denrées (pas de trou et pas de meuble vide);
- une vitesse d’air suffisante qui va naturellement affecter le bilan thermique et énergétique du meuble (donc attention à trouver l’optimum;
- l’utilisation d’un double rideau d’air.
Soufflage arrière de type “cascade” et double rideau d’air.
Les vitesses d’air recommandées pour les rideaux d’air
Comme on l’a vu ci-dessus, les échanges de chaleur entre l’ambiance des zones de vente et les denrées doivent être réduites au maximum. L’augmentation de la vitesse du rideau d’air devrait les limiter mais un débit trop important entraine une recrudescence des apports par induction, une augmentation des consommations des ventilateurs et, par conséquent, des apports internes des moteurs des ventilateurs. On conseille en pratique de limiter les vitesses des rideaux d’air :
- pour les meubles horizontaux, à 0,5 m/s;
- pour les meubles verticaux, entre 0,6 et 0,7 m/s.
Diminuer les apports par rayonnement
Apports de chaleur par rayonnement
Les apports de chaleur par rayonnement peuvent être importants notamment lorsque l’application est négative. Dans ce cas, ils peuvent représenter de l’ordre de 40 % du total des apports internes et externes. Ils sont essentiellement produits par le rayonnement dans l’infrarouge lointain des surfaces “chaudes” faisant face à l’ouverture des meubles dont la température des faces internes et des emballages des denrées est froide (application positive : température de 0° à 8°C) voire très froide (application négative : température de -18 ° à -35°C).
On évalue l’apport de chaleur par rayonnement Pray par la relation suivante :
Pray = hro x Aouverture (Tparoi – T i) x φ1 x φ2 [W] où :
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Dans une situation existante, des améliorations sont possibles en jouant sur le choix des parois faisant face à l’ouverture des meubles. En effet, chaque matériau possédant un coefficient d’émissivité, le placement entre les parois et l’ouverture du meuble d’une paroi à basse émissivité, permet de réduire de manière substantielle les apports par rayonnement.
Par exemple, les matériaux polis, notamment les métaux, ont vis-à-vis du rayonnement infrarouge (IR) des coefficients d’émissivité assez faibles; ce qui veut dire qu’ils ne réémettent pas ou peu le rayonnement visible et infrarouge proche et qu’ils réfléchissent le rayonnement infrarouge lointain (matériaux de construction dans notre cas).
L’émissivité des tôles d’aluminium ou d’alliages à base d’aluminium est de l’ordre de 0,1 à 0,15 pour les longueurs d’onde allant du visible à l’infrarouge.
Spectre visible et Infrarouge proche.
Dans l’infrarouge lointain, le même type d’aluminium passe d’une émissivité 0,1 à 0,8 et a tendance à se comporter comme un corps noir et par conséquent à réémettre le rayonnement.
Les meubles horizontaux
Réduction des apports
Les meubles horizontaux, de par leur position par rapport aux parois du magasin, sont des cibles privilégiées pour réduire les apports par rayonnement. En effet, en grande partie, ce sont les plafonds qui interagissent avec ce type de meubles.
L’emploi d’un “baldaquin” de forme concave au-dessus des gondoles à froid négatif et dont la face inférieure est recouverte d’un aluminium de type poli miroir non anodisé, peut, dans certains cas et selon le type de meuble, réduire la température des denrées positionnées en surface de l’ordre de 3 à 5 °C.
Gondole avec baldaquin.
Différentes configurations de gondole.
Et le confort ?
Pour les meubles frigorifiques horizontaux, de par la position des clients par rapport à l’ouverture, le fait ou non de placer des baldaquins ne modifie pas tellement le confort.
Les meubles verticaux
Les ouvertures des meubles verticaux quant à elles subissent les agressions par rayonnement venant des plafonds, des murs ou des rayons leur faisant face et dont les températures sont plus chaudes.
Réduction des apports
Un moyen simple de réduire les apports par rayonnement est de positionner (s’il y en a beaucoup) les meubles frigorifiques en face à face. Cette solution simple permet d’éliminer partiellement l’effet d’émissivité mutuelle vu que les températures des parois internes des meubles sont plus ou moins égales.
Allée froide en convection naturelle.
Tunnel froid.
Allée froide en convection forcée.
Et le confort ?
Ce type de composition des meubles est souvent appelé “allée froide” pour la simple raison qu’elles sont inconfortables”. En effet l’introduction d’un corps à 36 °C entre deux parois dont la température de surface est de l’ordre de 0°C implique que le corps chaud échange par rayonnement sa chaleur et, par conséquent, l’impression de froid est grande.
Performances des réflecteurs
Des essais ont été réalisés afin de déterminer la pertinence de ce type d’action. La comparaison est réalisée en prenant un meuble frigorifique horizontal possédant les caractéristiques suivantes :
- convection forcée;
- chargée d’une seule couche de paquets d’essais en emballage carton de couleur blanche.
Essai en laboratoire
Dans un local obscur, maintenu dans des conditions d’ambiance à 25°C pour un taux d’humidité de 60 %, et équipé d’un plafond type “corps noir”, on effectue un monitoring des températures de chaque paquet test. En régime stable, la moyenne des températures atteint – 15°C.
Dans les mêmes conditions d’ambiance, on place une paroi en aluminium poli entre le meuble et le plafond. La moyenne de la distribution des températures des paquets tests donne – 19°C.
On observe donc un abaissement des températures de l’ordre de 4°C. Les apports par rayonnement sont donc réduits et, par conséquent, les consommations énergétiques à l’évaporateur.
Pour être certain que ce ne soit pas un phénomène de réduction d’apports convectifs, toute chose restant égale, la tôle d’aluminium est peinte en blanc. On constate que les températures remontent aux alentours des – 15°C; la réduction d’apport est donc uniquement radiative.
Essai en magasin
La mise en place d’un baldaquin au dessus du même meuble donne un abaissement des températures de l’ordre de 3 à 5°C.
La variation des températures résulte de la manipulation et des déplacements fréquents des denrées par les clients ainsi que des opérations de dégivrages.
Placer ou optimiser les protections de nuit
Les rideaux de nuit, comme le montre le tableau ci-dessous donnent des résultats très intéressants au niveau de la réduction des apports externes par induction au travers du rideau d’air.
Il ne faut quand même pas oublier que pendant minimum 12 heures par jour (après la fermeture du magasin), cette protection, si elle existe, réduit de manière importante les apports par induction et aussi par rayonnement au meuble.
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Meubles verticaux
Dans le cas où les protections de nuit n’existent pas, leur placement s’impose. Attention toutefois qu’il faut se renseigner de la faisabilité du placement auprès du constructeur. En effet, la configuration du meuble ne le permet pas toujours, car il faut que le rideau de nuit se trouve à l’extérieur par rapport au rideau d’air.
L’optimisation des rideaux de nuit manuels peut passer par l’automatisation des ouvertures et fermetures. Pour autant que cela soit possible (au cas par cas), l’automatisation permet au personnel de ne plus se soucier de la gestion. Un oubli une nuit implique que les apports par induction et rayonnement continuent à influencer le meuble au niveau de ces consommations, même si les apports nocturnes diminuent (ralenti de nuit, apports réduits par l’absence d’occupant, d’éclairage de vente, …).
Attention aussi que l’automatisation rend le personnel moins responsable. En effet dans certains commerces, vu que le personnel ne voit plus la descente des rideaux de nuit, on se rend compte au matin (ou pas du tout) que certains rideaux ne sont pas descendus à fond par la présence de porte-prix dans l’axe du rideau par exemple.
Meubles Horizontaux
Avec les meubles horizontaux, les possibilités de fermeture des ouvertures en période nocturne sont diverses. On épinglera les fermetures coulissantes qui peuvent être utiles de jour comme de nuit.
Optimiser ou supprimer l’éclairage des tablettes
Problème ?
On sait que les consommations énergétiques dues à l’éclairage sont payées deux fois et même plus :
- une première fois à travers les consommations électriques nécessaires pour mettre en valeur visuellement les denrées;
- une seconde fois parce que les lampes réchauffent l’ambiance interne du meuble se traduisant par une consommation électrique supplémentaire au niveau des groupes de froid;
- un peu plus même pour la simple raison que l’efficacité du tube en ambiance froide est réduite au moins de 40 %. Pour les accrocs de l’éclairage, ils seraient, au vu de l’effet médiocre de l’éclairage des étagères, de renforcer la puissance installée pour compenser le manque d’efficacité des lampes.
Emplacement de l’éclairage
L’emplacement de l’éclairage est sûrement la clef du problème. Un test a été réalisé dans une grande surface. L’idée était de couper l’éclairage des tablettes et de ne plus se servir, comme source lumineuse, que des tubes fluorescents en dehors de la partie réfrigérée du meuble. Cette initiative a pour avantage de :
- réduire la puissance installée des luminaires;
- réduire les apports internes défavorables au bilan thermique et frigorifique du meuble;
- augmenter l’efficacité des lampes puisqu’elles travaillent à température plus élevée.
Ceci est d’autant plus remarquable, que le magasin n’a pas enregistré de baisse du chiffre d’affaires pendant le test.
Gestion de l’éclairage
Simplement, une horloge peut assurer la coupure des luminaires pendant les heures de fermeture du magasin. On pourrait aussi arriver à un degré de sophistication en utilisant un superviseur (GTC ou Gestion Technique Centralisée) donnant des alarmes lorsque l’éclairage n’est pas éteint.
Adapter la vitesse des ventilateurs
Sources
Auteur : D.D.
Antidote appliqué : Thibaud
Style css des tableaux : Thibaud
Juin 2009 : mise en page – Sylvie