Sommaire

Exigences de base générales pour les lieux de travail

Contexte réglementaire et enjeux de la ventilation dans les lieux de travail

Assurer une qualité optimale de l’air intérieur dans les lieux de travail est devenu une exigence incontournable, renforcée par l’arrêté royal du 2 mai 2019. Ces dispositions visent à protéger la santé et le bien-être des travailleurs en fixant des seuils clairs pour la ventilation et la concentration de polluants, notamment le CO₂. L’employeur est désormais tenu de réaliser une analyse approfondie des risques liés à la pollution de l’air intérieur et de mettre en place des mesures correctives si nécessaire. Ce cadre réglementaire s’inscrit dans une volonté d’améliorer les conditions de travail et de garantir un environnement sain et sécurisé pour tous les occupants.

Depuis le 2 mai 2019, plusieurs articles du code du bien-être au travail ont été abrogés et remplacés par l’Arrêté royal fixant les exigences de base générales auxquelles les lieux de travail doivent répondre.

L’entrée en vigueur du nouvel Arrêté royal au 31 mai 2019, implique des modifications portant sur :

  • la définition du local de travail
  • sur les sources possibles de pollution et ses conséquences sur :
  1. le niveau de CO
  2. l’humidité
  3. les changements de température
  4. l’application de mesures de contrôle détaillées de la part de l’employeur

L’article 1er. L’article I.1-4 du code du bien-être au travail complète certains éléments comme la définition du « local de travail ». Il le définit par un local dans lequel se trouve un poste de travail.

Parmi les autres changements qu’implique cette modification, insistons sur les points qui concernent la ventilation aux articles III.1-34 et III.1-36 du code.

L’article III.1-34 précise désormais les sources possibles de pollution telles que :

  • la présence et l’activité physique de personnes
  • la présence de produits et matériaux dans les locaux de travail, tels que des matériaux de construction, le revêtement du sol et les décorations, le mobilier, les plantes et animaux, les équipements techniques, les appareils, outils et machines présents
  • l’entretien, la réparation et le nettoyage des lieux de travail
  • la qualité de l’air apporté par infiltration et ventilation, pollution et fonctionnement des systèmes de ventilation, de traitement de l’air et de chauffage.

Alors qu’il n’était imposé, lors de l’arrêté de 2012, qu’un renouvellement suffisant de l’air afin de garantir sa bonne qualité sur le lieu de travail, aujourd’hui, l’employeur est tenu d’analyser les risques de pollution de l’air et leurs sources via :

  • des inspections visuelles
  • le contrôle des installations et des documents avec la possible participation des travailleurs
  • des mesurages et / ou calculs si nécessaires

Alors que l’article 36 prévoyait uniquement que l’employeur prenne les mesures techniques et organisationnelles nécessaires pour que la concentration de CO dans les locaux de travail soit inférieure à 800 ppm, à moins qu’il ne puisse démontrer que c’est impossible pour des motifs objectifs et dûment justifiés et que, dans tous les cas, la concentration de CO dans ces locaux de travail ne peut jamais dépasser 1200 ppm, l’article 34 détaille désormais :

  • les limites de concentration de CO2 à ne pas dépasser, généralement inférieure à 900 ppm
  • le cas échéant, un débit de ventilation prescrit un minimum de 40 m3 d’air par heure et par personne présente
  • le type de mesures à prendre

En dérogation au premier alinéa, l’employeur est soumis à des exigences spécifiques s’il ne peut pas garantir une concentration de CO2 dans les locaux de travail inférieure à 1200 ppm ou qu’un débit minimal de ventilation de 25 3 par heure et par personne soit respecté :

  • 1° Il doit démontrer des résultats d‘analyse de risques. En effet, les travailleurs doivent bénéficier d’un niveau équivalent ou meilleur de protection en ce qui concerne la qualité de l’air intérieur, du fait que les sources de pollution visées au § 2, 2° à 4° soient éliminés ou considérablement réduits, par exemple par l’utilisation de matériaux à faible émission.
  • 2° L’employeur a demandé l’avis préalable du conseiller en prévention compétent et du comité.
    La concentration de CO2 dans les locaux de travail est considérée comme étant généralement inférieure à 900 ppm ou 1200 ppm respectivement, si la concentration de CO2 reste inférieure à cette valeur pendant 95 % de la durée d’utilisation, calculée sur une durée maximale de 8 heures, et en supposant une concentration extérieure de 400 ppm. Si les mesures indiquent que la concentration extérieure dépasse 400 ppm, la différence entre 400 ppm et la concentration extérieure réelle peut être prise en compte.

Le paragraphe 4 concerne les locaux de travail qui concernent des bâtiments ou parties de bâtiments, construits, transformés ou rénovés avec un permis de bâtir demandé après le 1er janvier 2020. Dans ce cas de figure, l’employeur prend les mesures techniques et/ou organisationnelles nécessaires pour satisfaire aux exigences fixées au § 3.

S’il ne savait pas correspondre aux exigences en question, l’employeur doit établir :

  • un plan d’action en collaboration avec le conseiller en prévention
  • des mesures à court, moyen ou ou long terme
  • un calendrier de mises en œuvre de ces mesures

Le but étant de veiller à améliorer la qualité de l’air et à satisfaire aux exigences fixées au § 3 à brève échéance. Les résultats de l’analyse des risques visée au § 2 et le plan d’action devront être repris dans le plan global de prévention.

L’article III.1-36 du code du bien-être au travail a également été modifié. Il ne suffit plus à l’employeur de veiller à des locaux de travail disposant d’air neuf en quantité suffisante. L’art. 36 se voit ajouter des mentions sur le taux d’humidité dans l’air :

Au paragraphe 2, les systèmes avec des installations d’humidification ou de déshumidification doivent garantir une humidité relative dans l’air sur une journée de travail comprise entre 40 et 60 % sauf si ce n’est pas possible pour des raisons techniques ou liées à l’activité professionnelle dans ce même local. Ces dernières raisons devront être dûment justifiées par l’employeur.

En effet, une exception permet donc que le taux d’humidité de l’air se situe entre 35 et 70 % à condition que l’employeur démontre que l’air ne contient aucun agent chimique ou biologique qui comporterait un risque pour la santé et la sécurité des personnes présentes sur le lieu de travail.

Tel que le prévoyait déjà la modification de l’arrêté de 2012, les articles suivants restent en vigueur :

Art. 37. L’aération se fait de façon naturelle ou au moyen d’une installation d’aération.

Art. 38. Si une installation d’aération est utilisée, notamment des installations de conditionnement d’air ou de ventilation mécanique, celle-ci doit répondre aux conditions suivantes :

1° elle est construite de façon à ce qu’elle disperse de l’air neuf, qui est répandu de façon homogène dans les locaux de travail ;

2° elle est construite de façon à ce que les travailleurs ne soient pas exposés à des nuisances dues aux fluctuations de température, aux courants d’air, au bruit ou aux vibrations ;

3° elle est conçue de façon à ce que l’humidité relative moyenne de l’air pour une journée de travail soit comprise entre 40 et 60 %, à moins que cela ne soit impossible pour des raisons techniques ;

4° elle est entretenue de façon à ce que tout dépôt de souillure et toute pollution ou contamination de l’installation soit évité ou que cette souillure puisse être éliminée rapidement ou que l’installation puisse être assainie, afin que tout risque pour la santé des travailleurs dû à la pollution ou à la contamination de l’air respiré soit évité ou réduit ;

5° un système de contrôle doit signaler toute panne ;

6° l’employeur prend les mesures nécessaires pour que l’installation soit contrôlée régulièrement par une personne compétente, de sorte qu’elle soit en tout temps prête à l’emploi.

L’humidité relative de l’air visée à l’alinéa 1er, 3° peut se situer entre 35 et 70 % si l’employeur démontre que l’air ne contient aucun agent chimique ou biologique qui puissent constitué un risque pour la santé et la sécurité des personnes présentes sur le lieu de travail.

Art. 39. Les dispositions des articles 36 à 38 ne portent pas préjudice à l’obligation de prévoir des systèmes de ventilation et d’aspiration spécifiques dans les cas visés dans les dispositions des autres arrêtés pris en exécution de la loi qui concernent des risques spécifiques.

Le RGPT précise toujours que :

Art. 52.10.7 Précaution contre les incendies, …
En cas d’incendie, les escaliers mécaniques et les installations de chauffage et de conditionnement d’air doivent être arrêtés.

Conclusion

La qualité de l’air dans les lieux de travail n’est pas seulement une question de confort, mais une véritable nécessité pour garantir la santé, la sécurité et le bien-être des employés. Avec l’arrêté royal du 2 mai 2019, les exigences en matière de ventilation et de concentration de CO₂ ont été clairement renforcées, exigeant une attention accrue de la part des employeurs. En mettant en place une analyse rigoureuse des risques, en respectant les seuils réglementaires (900 ppm ou, dans certains cas, 1200 ppm pour le CO₂), et en adoptant des mesures correctives adaptées, il est possible de répondre efficacement aux nouvelles exigences.

Les solutions incluent la maintenance régulière des systèmes de ventilation, l’utilisation de matériaux et d’équipements à faible émission, et l’implication des travailleurs dans les démarches de prévention. Par ailleurs, le respect des débits minimaux de ventilation (40 m³/h/personne ou 25 m³/h/personne dans des conditions particulières) constitue une base essentielle pour garantir un environnement de travail sain et conforme.

Adopter ces pratiques ne permet pas seulement de respecter les obligations légales, mais aussi de créer un cadre propice à la productivité et au bien-être des collaborateurs. En s’inscrivant dans cette démarche proactive, les entreprises participent également à la réduction de leur impact environnemental, tout en répondant aux enjeux globaux de santé publique. Les employeurs ont ainsi une opportunité de transformer ces contraintes réglementaires en un levier d’amélioration durable et bénéfique pour tous.