Confort thermique : Les classes de climats intérieurs


Préambule : l’évolution des classes de climats intérieurs à l’ére du changement climatique

Le concept de classes de climats intérieurs, initialement centré sur la définition de conditions thermiques et hygrométriques standardisées pour le dimensionnement des installations techniques, a connu une transformation profonde ces dernières années. Cette évolution reflète une compréhension plus nuancée et holistique du confort dans les bâtiments, ainsi qu’une prise de conscience accrue des défis posés par le changement climatique et les enjeux sanitaires liés à la qualité de l’air intérieur.
L’adoption de la norme européenne EN 16798-1, qui a remplacé l’ancienne EN 15251, marque un tournant significatif dans cette approche. Cette norme propose désormais un cadre intégré qui dépasse la simple considération des paramètres thermiques pour englober la qualité de l’air intérieur, l’acoustique et l’éclairage. Parallèlement, la norme EN ISO 7730 sur l’ergonomie des ambiances thermiques a également évolué pour mieux prendre en compte les variations saisonnières et les adaptations comportementales des occupants.
La qualité de l’air intérieur (QAI) est devenue une composante indissociable des classes de climats intérieurs. Cette évolution se traduit par une réglementation plus stricte, avec l’extension, à partir du 1er janvier 2025, de l’obligation de surveillance de la QAI à de nouvelles catégories d’établissements recevant du public. La liste des polluants à surveiller s’est également élargie, incluant désormais les particules fines (PM2.5), les composés organiques volatils (COV) et le dioxyde d’azote (NO2), en plus du CO2 et du formaldéhyde traditionnellement mesurés.
Face à l’augmentation des températures moyennes et à la multiplication des épisodes caniculaires, l’adaptation au changement climatique est devenue un enjeu central dans la définition des classes de climats intérieurs. Les critères de confort d’été ont été renforcés et précisés, tandis que les modèles adaptatifs du confort thermique, qui tiennent compte de l’acclimatation des occupants et des variations saisonnières, sont désormais privilégiés par rapport aux modèles statiques. Cette approche reconnaît la capacité d’adaptation physiologique et comportementale des individus et permet une plus grande flexibilité dans la gestion des ambiances intérieures.
L’évolution technologique a également contribué à transformer notre conception des classes de climats intérieurs. L’essor des capteurs connectés et des systèmes de gestion technique du bâtiment permet aujourd’hui une approche plus personnalisée et dynamique du confort. Les classes de climats ne sont plus considérées comme des catégories statiques mais peuvent varier selon les saisons, l’occupation et les activités, voire s’adapter aux préférences individuelles des occupants dans certains espaces de travail avancés.
Enfin, la recherche d’un équilibre optimal entre le confort des occupants, l’efficacité énergétique et l’impact environnemental des bâtiments constitue un défi majeur. Les objectifs de décarbonation et la prise en compte du cycle de vie complet des bâtiments influencent désormais la définition et l’application des classes de climats intérieurs, avec une attention particulière portée aux solutions passives et à faible empreinte carbone.
Cette évolution multidimensionnelle des classes de climats intérieurs reflète une approche plus sophistiquée et intégrée du confort dans les bâtiments, répondant aux défis contemporains de santé publique, d’adaptation climatique et de transition énergétique.

Introduction

Les climats intérieurs d’un bâtiment jouent un rôle crucial dans le confort des occupants et la performance énergétique des bâtiments. Les classes de climats intérieurs permettent de classer les bâtiments en fonction de leur température, humidité et pression de vapeur d’eau, afin de mieux comprendre les risques de condensation et d’adapter les stratégies de conception. Depuis l’adoption de normes européennes comme la NBN EN 16798-1, la prise en compte des ambiances intérieures s’est enrichie, notamment pour répondre aux exigences de performance énergétique, de confort thermique et de qualité de l’air. Cet article explore les différentes classes de climats intérieurs et comment ces normes influencent la conception et l’entretien des bâtiments modernes à faible consommation d’énergie.

Qu’entend-t-on par classe de climat intérieur ?

Pour évaluer les risques de condensation dans les matériaux ou à la surface de ceux-ci, il est nécessaire de connaître les conditions de climat intérieur qui sont présumées exister dans les locaux limités par les parois.
En fonction des valeurs moyennes annuelles de température et d’humidité relative de l’air intérieur des bâtiments, le CSTC dans ses publications distingue différentes classes de climat intérieur en fonction de la valeur annuelle moyenne de pression de vapeur d’eau pi à l’intérieur du bâtiment.


Quelles sont les classes de climat intérieur?

En fonction des pressions de vapeur moyennes annuelles (pi), le tableau suivant (extrait de la NIT 183 du CSTC) indique la classe de climat intérieur du local situé sous la toiture. Nous avons ajouté à ce tableau des valeurs d’humidité absolue (w) geau/kgair sec, pour en faciliter la lecture.

Définition du bâtiment Exemples pi ou w Classe
Bâtiment avec une production de vapeur nulle ou faible.
  • lieux de stockage pour marchandises sèches
  • églises
  • salles de sport d’utilisation modérée
1 100 < p< 1 165

6.83 < w < 7.24

I
Bâtiment bien ventilé avec une production de vapeur limitée.
  • habitations de grande dimension
  • écoles
  • magasins
  • bureaux non climatisés
  • unités de soins hospitaliers
1 165 < pi < 1 370

7.24 < w < 8.53

II
Bâtiment d’utilisation intense.
  • habitations sociales
  • flats
  • maisons de soins
  • bâtiments faiblement climatisés (HR < 60 %)
1 370 < pi < 1 500

8.53 < w < 9.35

III
Bâtiment avec une production de vapeur élevée.
  • piscines
  • locaux industriels humides
  • blanchisseries
  • bâtiments fortement climatisés (HR > 60 %)
1 500 < pi < 3 000

9.35 < w < 18.98

IV

Conclusion

La classification des climats intérieurs est un outil essentiel pour comprendre et optimiser les conditions de confort dans les bâtiments. En intégrant des critères modernes issus des normes européennes et des technologies de gestion de l’air intérieur, comme les capteurs intelligents, il devient possible de créer des environnements plus sains, plus confortables et plus performants sur le plan énergétique. L’application de ces classes et de ces nouvelles réglementations dans la conception et la rénovation de bâtiments à faible consommation d’énergie permet de garantir des niveaux de confort tout en respectant les objectifs de durabilité et de performance énergétique. Les choix de matériaux, les systèmes de ventilation et les stratégies d’isolation doivent être ajustés en fonction de ces critères pour prévenir la condensation et maintenir un climat intérieur optimal.