SRI (Smart Readiness Indicator) ou Indicateur de Potentiel d'Intelligence

Préambule 

L’article que vous vous apprêtez à lire, publié en 2019, constitue une photographie précieuse des balbutiements du Smart Readiness Indicator (SRI). Il décrit avec précision le cadre initial posé par la directive européenne de 2018, une époque où l’intelligence du bâtiment était une promesse, un potentiel à évaluer. Six ans plus tard, en 2025, nous ne sommes plus dans la promesse, mais dans une réalité technologique qui a dépassé toutes les anticipations. Le concept de “smart ready” a laissé place à celui de bâtiment apprenant, autonome et surtout, résilient. Ce préambule a pour objectif de vous fournir une grille de lecture actualise pour comprendre les transformations profondes qui ont redéfini l’intelligence des bâtiments, faisant de l’article original un témoin historique d’une ère révolue.

Une maturation réglementaire : de l’optionnel au standard de facto

Si la directive EPBD refondue en 2024 maintient le caractère “optionnel” du SRI, la réalité du marché est tout autre. L’indicateur est devenu un standard de facto, porté par une dynamique de professionnalisation inédite. La standardisation des méthodes d’audit par le CEN-CENELEC en novembre 2024 a créé un cadre européen harmonisé, tandis que son intégration croissante dans les critères de la finance durable (taxonomie européenne) et les rapports de durabilité des entreprises (CSRD) en a fait un outil incontournable de valorisation immobilière.

La révolution de l’intelligence artificielle et des jumeaux numériques

L’avancée la plus spectaculaire de ces dernières années est sans conteste l’intégration massive de l’Intelligence Artificielle (IA). L’article de 2019 ne pouvait l’anticiper, mais l’IA est aujourd’hui le cœur battant des bâtiments modernes. La maintenance prédictive, qui détecte les pannes avant qu’elles ne surviennent, est devenue la norme. Plus encore, le concept de Jumeau Numérique (Digital Twin) a émergé comme la pièce maîtresse de la gestion de bâtiment. Ce double virtuel, alimenté en temps réel par des milliers de capteurs IoT, permet non seulement de simuler et d’optimiser les consommations énergétiques, mais aussi de gérer l’espace, la sécurité et le confort avec une précision inégalée.

La cybersécurité : le Nouveau pilier de l’intelligence

L’hyper-connectivité des bâtiments a ouvert la porte à de nouvelles vulnérabilités. Avec une augmentation de 400% des cyberattaques visant l’IoT (selon Zscaler), la cybersécurité n’est plus une option, mais un prérequis fondamental à toute démarche de bâtiment intelligent. Les approches modernes comme la “Security by Design” (sécurité dès la conception) et les architectures “Zero Trust” sont devenues indispensables pour garantir l’intégrité des systèmes et, plus important encore, la protection des données personnelles des occupants.

Une Vision anthropocentrée : L’humain au cœur du Bâtiment

Alors que l’approche de 2019 était essentiellement technico-centrée, la vision de 2025 est résolument anthropocentrée. L’intelligence d’un bâtiment ne se mesure plus seulement à sa performance énergétique, mais à sa capacité à créer un environnement confortable, sain, sécurisé et flexible pour ses occupants. Les enjeux d’acceptabilité sociale, de transparence algorithmique et de protection de la vie privée (RGPD) sont désormais au premier plan. Un bâtiment intelligent n’est pas seulement un bâtiment qui consomme moins, c’est un bâtiment qui prend soin de ses habitants.

Vers une évaluation dynamique et prospective

Le catalogue de services et les niveaux d’intelligence décrits dans l’article de 2019 apparaissent aujourd’hui comme une base élémentaire. L’évaluation moderne du SRI intègre des critères beaucoup plus dynamiques et prospectifs : la capacité d’un bâtiment à intégrer des technologies d’IA générative, son degré d’autonomie (auto-diagnostic, auto-réparation), sa résilience face au changement climatique, ou encore sa contribution à l’économie circulaire.

Cet article est le témoignage d’une vision fondatrice, mais il ne représente qu’une infime partie de ce qu’est devenue l’intelligence des bâtiments. Nous vous invitons à le lire comme le premier chapitre d’une histoire qui s’est accélérée de manière exponentielle, une histoire où la technologie, la sécurité et l’humanisme convergent pour créer les espaces de vie et de travail de demain.

SRI (Smart Readiness Indicator) ou Indicateur de Potentiel d’Intelligence

Ce nouveau paramètre facultatif introduit par la directive européenne 2018/884 sur la performance énergétique des bâtiments vise à quantifier la capacité d’un bâtiment à intégrer et utiliser les nouvelles technologies et systèmes électroniques pour répondre aux besoins des occupants, optimiser les performances et interagir avec le réseau.

À l’instar des certificats PEB, le SRI (Smart Readiness Indicator) a également pour objectif de permettre aux occupants (locataires et propriétaires) de rendre palpable, tangible l’intelligence d’un bâtiment.

L’indicateur vise donc à conscientiser les acteurs de la construction, propriétaires et occupants des bénéfices des technologies dites intelligentes mais aussi à accélérer le déploiement de ces dernières, particulièrement dans la perspective de la performance énergétique en utilisant le SRI comme vecteur de plus-value.

La méthode d’évaluation du SRI est basée sur une inspection des services « smart ready » qui sont présents dans le bâtiment. Par exemple, pour l’éclairage, cela peut aller du simple interrupteur on/off jusqu’aux systèmes qui peuvent moduler l’intensité lumineuse artificiel en fonction de la disponibilité en éclairage naturel.

Pour commencer, le SRI concerne tous les domaines du bâtiment :

  • Le chauffage,
  • Le refroidissement,
  • L’ECS,
  • La ventilation,
  • L’éclairage,
  • Les parties mobiles de l’enveloppe,
  • L’intégration du renouvelable local,
  • La flexibilité et la gestion de la demande,
  • L’intégration du chargement de véhicules électriques dans le système du bâtiment
  • Le monitoring et le contrôle du bâtiment…

Chaque domaine comprend des sous-domaines appelés services, par exemple, pour les véhicules électriques :

  • Capacité de recharge
  • Information à l’occupant et connectivité
  • Capacité à équilibrer le réseau (peut se charger/décharger sur le bâtiment)

Pour chaque service, un degré d’intelligence ou de fonctionnalité devra être donné, par exemple, pour la capacité de recharge :

  • 0 : absente
  • 1 : faible capacité
  • 2 : capacité moyenne
  • 3 : grande capacité

Et pour chaque degré d’intelligence de chaque service, le(s) impact(s) positif(s) seront quantifiés et pondérés en fonction de plusieurs critères comme :

  • L’économie d’énergie,
  • La flexibilité énergétique vis-à-vis du réseau,
  • L’intégration d’énergie renouvelable,
  • Le confort,
  • La commodité, ergonomie,
  • Le bien-être et santé,
  • La maintenance et la prévention des pannes
  • L’information des occupants

Exemple :

Pour le domaine chauffage, 12 services sont proposés :

  1. Contrôle des émissions de chaleur
  2. Contrôle des émissions pour les TABS (mode de chauffe)
  3. Contrôle du réseau de distribution d’eau chaude
  4. Contrôle des pompes de distribution en réseau
  5. Contrôle intermittent des émissions et/ou de la distribution – Un contrôleur peut contrôler différentes pièces/zones
  6. Stockage d’énergie thermique pour le chauffage
  7. Contrôle de la préchauffe du bâtiment
  8. Contrôle du générateur de chaleur (combustion)
  9. Contrôle du générateur de chaleur (pompes à chaleur)
  10. Mise en séquence de différentes sources de chaleur
  11. Contrôle du système de chaleur en fonction de signaux extérieurs (prix des énergies, charge réseau…)
  12. Systèmes de récupération de chaleur

Pour le service 1 : contrôle des émissions de chaleur, plusieurs niveaux d’intelligences/fonctionnalités sont possibles :

  1. Pas de contrôle automatisé ;
  2. Thermostat central ;
  3. Contrôle pièce par pièce (vanne thermostatique ou contrôleur électronique) ;
  4. Contrôle pièce par pièce et communication entre les vannes/contrôleurs et le système centralisé de contrôle et d’automatisation « BACS » (building automation and control system) ;
  5. Contrôle pièce par pièce avec communication et détection de présence.

En fonction du niveau choisi, les points suivants seront par exemple considérés pour chaque impact dans le calcul :

Niveau d’intelligence/fonctionnalité Impacts
Économies d’énergie Flexibilité pour le réseau et le stockage Favorise les énergies renouvelables Confort Commodité Ergonomie/ Facilité Santé et bien-être Entretien et prédiction des pannes Affichage des informations pour l’occupant
0 Pas de contrôle automatisé 0 0 0 0 0 0 0 0
1 Thermostat central 1 0 0 1 1 0 0 0
2 Contrôle pièce par pièce (vanne thermostatique ou contrôleur électronique) 2 0 0 2 2 0 0 0
3 Contrôle pièce par pièce et communication entre les vannes/contrôleurs et le système centralisé de contrôle et d’automatisation « BACS » (building automation and control system) 2 0 0 2 3 0 1 0
4 Contrôle pièce par pièce avec communication et détection de présence 3 0 0 2 3 0 1 0

Pour chaque domaine (somme de ses services), le score obtenu sera comparé au score maximal pouvant être obtenu par le bâtiment et donnera une valeur en %. Par exemple, pour un bâtiment de logement sans ventilation, sans refroidissement, sans enveloppe mobile et sans renouvelable :

Domaines Scores
Économies d’énergie Flexibilité pour le réseau et le stockage Favorise les énergies renouvelables Confort Commodité Ergonomie/ Facilité Santé et bien-être Entretien et prédiction des pannes Affichage des informations pour l’occupant SRI
0 Général pondéré

 

71% 0% 0% 77% 33% 17% 20% 19% 45%
1 Chauffage 75% 0% 0% 85% 64% 0% 25% 75%
2 ECS 100% 0% 0% 0% 0% 0% 50% 67%
3 Refroidissement Non-applicable
4 Ventilation Non-applicable
5 Éclairage 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0%
6 Enveloppe Non-applicable
7 Renouvelable Non-applicable
8 Gestion de la demande 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0%
9 Véhicules électriques 0% 0% 0% 0% 20% 0% 0% 0%
10 Monitoring et contrôle 60% 100% 0% 67% 38% 33% 17% 14%