Sommaire
Le récent “Tableau de bord de la mobilité 2024” publié par le SPW Mobilité & Infrastructures dresse un portrait détaillé des tendances actuelles en matière de transport en Wallonie. Ce document de référence met en lumière des évolutions significatives qui interpellent directement les gestionnaires d’énergie et de bâtiments du secteur tertiaire, des communes aux organismes publics. Entre la mutation du parc automobile, les objectifs climatiques ambitieux et le rôle croissant des entreprises, un nouveau paradigme de la mobilité se dessine.
État des lieux de la mobilité en Wallonie
L’analyse globale de la mobilité wallonne révèle une dynamique complexe, marquée par la prédominance historique de la voiture individuelle mais aussi par l’émergence de nouvelles pratiques plus durables. Les déplacements domicile-travail restent un enjeu majeur, tout comme l’impact environnemental du transport de marchandises.
Le parc automobile wallon en pleine mutation
Le parc de véhicules particuliers en Wallonie connaît une transformation profonde, bien que progressive. Si le nombre total de voitures a légèrement augmenté entre 2017 et 2023, passant de 1,77 à 1,83 million, c’est surtout la composition de ce parc qui évolue.

Comme l’illustre ce tableau, la part du diesel s’est effondrée en six ans, passant de 57,4% à 40,6% du parc, tandis que l’essence est devenue majoritaire (55,8%). Plus significatif encore pour l’avenir, la part des véhicules électrifiés (100% électriques – BEV, et hybrides rechargeables – PHEV) a été multipliée par 10, passant de 0,2% à 2,8% du parc total. Nous restons cependant loin des objectifs ambitieux du Plan Air Climat Énergie (PACE) 2030, qui vise 25% de BEV et 10% de PHEV.
Cette tendance est confirmée par l’analyse des nouvelles immatriculations.


On observe un effondrement des immatriculations de voitures diesel neuves, tandis que les motorisations BEV et PHEV représentaient 18,5% des ventes de voitures neuves en 2023. Le marché de l’occasion, quant à lui, reste dominé par les motorisations thermiques traditionnelles, ce qui ralentit le verdissement global du parc.
Enjeux environnementaux et objectifs climatiques
Le secteur des transports est un contributeur majeur aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Le rapport nous offre une vision claire de l’évolution de ces émissions depuis 1990.


En 2022, le transport de personnes représentait 61% des émissions du secteur, contre 39% pour les marchandises. Bien que les émissions totales du transport aient diminué de 13% par rapport à 2005, le Gouvernement Wallon estime qu’une réduction supplémentaire de plus de 34% est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. Cet effort colossal ne pourra se faire sans une implication forte de tous les acteurs, et notamment des entreprises.
Focus sur le secteur tertiaire et les entreprises : un rôle clé à jouer
Pour les gestionnaires de bâtiments, d’énergie et de flottes au sein des communes, CPAS, organismes publics et entreprises, ces constats généraux appellent à des actions concrètes. Le secteur tertiaire est un levier fondamental pour accélérer la transition vers une mobilité durable.

Les flottes professionnelles, moteur du changement
Les entreprises et organismes publics gèrent une part importante du parc de véhicules. La transition de ces flottes est donc un enjeu stratégique. Le rapport met en évidence la situation du parc de poids-lourds, encore très dépendant du diesel.

Avec 85,76% de motorisations diesel en 2023, le potentiel de verdissement est immense. La Vision FAST 2030 et les réglementations européennes poussent à une électrification et à l’usage de carburants alternatifs comme le gaz naturel. Pour les flottes de véhicules de société plus légers, l’électrification est déjà une réalité économique et écologique de plus en plus tangible.
Du plan de mobilité à la gestion intégrée du bâtiment
Pour un gestionnaire, la mobilité ne se limite plus à la gestion d’une flotte. Elle s’intègre dans une vision globale du bâtiment et de ses services. Voici les principaux leviers d’action :
• Infrastructures de recharge : l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques est devenue incontournable. Elle répond non seulement aux besoins des employés et des visiteurs, mais s’intègre aussi dans la gestion énergétique du bâtiment. La consommation de ces bornes doit être monitorée et, idéalement, couplée à une production d’énergie renouvelable locale (panneaux photovoltaïques).
• Mobilité douce : encourager l’usage du vélo passe par des infrastructures de qualité : parkings vélos sécurisés et abrités, vestiaires, douches, et casiers. Ces aménagements valorisent le bâtiment et contribuent au bien-être des occupants.
• Optimisation des déplacements : le plan de mobilité d’entreprise, obligatoire pour les entités de plus de 100 travailleurs, est l’outil central pour objectiver les pratiques et mettre en place des solutions : promotion du covoiturage, indemnités vélo, facilitation de l’accès aux transports en commun, et surtout, organisation du télétravail qui réduit structurellement les besoins en déplacement.

Conclusion : Le gestionnaire au cœur de la transition
Le tableau de bord de la mobilité 2024 le confirme : la transition est en marche, mais elle doit s’accélérer. Pour les gestionnaires du secteur tertiaire, la mobilité n’est plus un sujet annexe. C’est une composante essentielle de la performance énergétique, de la stratégie bas-carbone et de l’attractivité de leurs bâtiments. En investissant dans les bonnes infrastructures et en pilotant des plans de mobilité ambitieux, ils deviennent des acteurs centraux de la Wallonie de demain, une Wallonie moins dépendante des énergies fossiles.
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