Démarche de gestion énergétique de son patrimoine bâti


Intro

La Ville de Chimay s’est inscrite en 2002 dans le projet PALME (Programme d’Actions Locales pour la Maîtrise de l’Énergie).

La situation de départ de la Ville était celle de la majorité des communes wallonnes : aucun suivi réel des consommations des bâtiments n’était assuré. La démarche de travail adoptée est présentée dans les lignes qui suivent.


Sur les traces de la facturation

Il a donc fallu commencer par mettre en place un suivi de la facturation pour les quelques 30 bâtiments présentant ensemble une consommation de 280 000 litres de fuel et 335 000 kWh d’électricité par an.

Une base de données Access a été réalisée dans laquelle les factures relatives aux consommations de gaz, fuel, électricité et eau sont encodées. De quoi établir un état annuel des dépenses relatif à chaque bâtiment. Et pointer le cas échéant quelques anomalies comptables : facture rentrée deux fois ou affectée à un mauvais bâtiment, compteur supprimé dont on continue à payer la redevance, compteur en double emploi ou inutile….

À Chimay, les factures énergie des trois dernières années ont ainsi été encodées pour évaluer l’évolution dans le temps des coûts financiers.

Pas question d’imposer une comptabilité énergétique en bonne et due forme pour chaque bâtiment. Cela nécessiterait un fastidieux relevé mensuel de chaque compteur. La consommation réduite d’une grande partie des bâtiments peut se satisfaire d’un simple suivi annuel. Seuls les gros consommateurs méritent une vigilance mensuelle.  Encore faut-il pouvoir assurer ce relevé mensuel de chaque compteur ce qui peut s’avérer problématique quand la citerne à mazout ne dispose pas de jauge.


À l’affût des anomalies flagrantes

Dans un second temps, il a fallu réaliser un état des lieux des bâtiments, afin de disposer d’une première base de travail. Une fiche signalétique est établie pour chacun des bâtiments reprenant toute une série de renseignements et caractéristiques : localisation, type d’affectation, nombre d’occupants, horaire d’occupation, vecteurs énergétiques, caractéristiques des installations de chauffage (type et année de construction de la chaudière et du brûleur, type de régulation et de distribution, nombre de radiateurs et vannes thermostatiques, état général), caractéristiques des installations de production d’eau chaude, heures de programmation des périodes de chauffe, mode d’isolation, dimensions du bâtiment….

Une étape importante qui justifie une visite de terrain minutieuse. De quoi repérer des anomalies immédiatement corrigibles : un thermostat resté à l’heure d’hiver ou bien décalé par rapport aux jours de la semaine, une programmation qui ne correspond plus à la nouvelle affectation des lieux, une température d’eau trop élevée, une sonde cachée derrière un porte-manteau, un matelas d’isolant non replacé après une intervention dans les combles….

Chaque fiche signalétique permettra également de garder une trace des interventions menées, des changements d’affectation ou d’occupation….


Un cadastre énergétique des bâtiments

Un cadastre énergétique des bâtiments est ensuite établi. Il classifie les bâtiments selon un indice E correspondant à leur efficacité énergétique calculée sur base des consommations d’énergie et des caractéristiques dimensionnelles du bâtiment.

En pondérant cet indice par la consommation de chauffage, on identifie clairement les bâtiments prioritaires en termes d’interventions, ceux dont le potentiel d’économie est le plus important.

Pour des bâtiments complexes et gros consommateurs, l’audit énergétique est toujours un exercice rentable qui permet d’évaluer les points faibles aussi bien au niveau de l’enveloppe que des équipements.

Les améliorations possibles sont présentées dans un rapport précisant les coûts d’investissement et temps de retour respectifs de chacune des actions proposées.

À Chimay, un audit a notamment été réalisé pour la piscine communale et sert aujourd’hui de fil conducteur pour la Direction dans sa démarche de rénovation et d’amélioration du bâtiment et des équipements.


Plan d’actions et d’investissements

À partir des outils désormais à disposition – état des lieux, suivi comptable, cadastre énergétique -, il reste à se donner une ligne de conduite des actions que l’on souhaite réaliser en fonction des priorités dégagées.

Ce plan d’action comprend aussi bien des démarches techniques que de sensibilisation et/ou d’information sur l’énergie ou sur le fonctionnement de tel ou tel équipement. Un plan d’action qu’il s’agira de faire cadrer avec un budget communal où il lui faudra cohabiter avec une multitude d’autres postes.

C’est souvent là que l’intervention du coordinateur PALME ou du Responsable Énergie prend toute son importance. À lui de présenter un bon dossier qui démontrera l’intérêt et la pertinence de l’action auprès des décideurs. Bien évaluer les dépenses pour chacune des actions, estimer le temps de retour des investissements sur base des économies générées et l’éventuel impact positif sur le confort des occupants. Sans oublier la quantité de CO2 économisée histoire de contribuer aussi à la réduction de l’effet de serre.

Bref, réaliser des économies d’énergie à travers la mise en place d’une bonne gestion énergétique de ses bâtiments n’est pas tant une question de moyens financiers que de capacité à bien structurer sa démarche et à s’équiper des outils de base pour évaluer et planifier les actions URE.

Sur base d’une analyse des résultats engrangés par ces analyses, une liste des bâtiments communaux les plus énergivores a été établie. En 2008-2009, des audits énergétiques ont été réalisés pour ceux-ci. Finalement, entre 2010 et 2013, une campagne d’investissements d’amélioration de la performance énergétique de ces bâtiments a été réalisée avec l’aide de subsides européens (fonds FEDER).

Cette étude de cas provient des Sucess Stories réalisées par l’ICEDD en 2004, et a été mise à jour suite à un contact avec le service Patrimoine & Logement de la ville de Chimay en 2016.